Avez vous déjà ressenti une douleur inexpliquée par rapport à votre travail? Vous êtes vous senti coupable de la situation?
C’est l’histoire de Patrick que j’ai rencontré hier et qui m’a fait part d’un malaise à propos de sa vie professionnelle…
Il m’a avoué que depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois il va à son travail sans savoir pourquoi il parle en toute transparence d’un travail alimentaire.
Et pourtant, il se considère chanceux d’avoir ce poste de cadre dans un groupe international, de pouvoir vivre à la campagne, d’avoir un bon salaire pour un travail qui lui plait, d’être entouré de collègues sympas …
Alors quoi c’est qui se passe donc ? Pourquoi il a mal à son job notre Patrick! (à lire avec un accent québécois)
Un changement incompris
Comme dans beaucoup d’entreprises les changements sont fréquents et, pas toujours où peu expliqués !
- Il y a des départs expéditifs
- Des décisions prises à la hâte sans que les salariés n’aient connaissance de leurs fondements
- On voit arriver de nouvelles têtes à des postes stratégiques….
Alors vous me direz, ils n’ont pas besoin de tout savoir, il y a des opérations confidentielles et à cela je vous répondrais qu’il y a des secrets de polichinelle et surtout de belles sources de démotivation et de rumeurs…
Car même si dans la tête des décideurs et dirigeants, ces choix sont bons, réfléchis et en cohérence avec leur projet entrepreneurial, cela ne semble pas aussi logique pour les employés. Dans le bain de la routine quotidienne, ils voient arriver d’un mauvais œil ces nouveautés.
Le changement provoque un stress invisible mais dangereux !
L’absence de communication, d’explications d’une situation génère encore plus de stress et d’anxiété !
Imaginez l’expérience suivante: Vous êtes avec un inconnu au bord d’une falaise il vous a bandé les yeux et vous demande de marcher pendant qu’il vous guide le long du précipice.
Vous savez que vous ne courrez aucun danger vital, mais le fait d’avancer à l’aveugle va produire chez vous un stress.
Ce stress est d’autant plus fort que, si cette personne ne vous dit rien, vous allez imaginer les choses : « et si je glisse ? et s’il me lâche ? Et si son expérience était un piège ? »…..
Votre hamster se met à tourner à fond la caisse dans votre boite crânienne !
Bref, votre cerveau va déclencher une suite de réaction en chaine très naturelle autour d’un élément clé : votre besoin de sécurité et la maitrise des évènements.
Si cette personne vous parle, qu’elle décrit ce qui se passe, vous donne des informations sur l’environnement, elle va vous rassurer, vous allez avancer en confiance, et ne serez focalisé que sur ses indications et non sur votre film intérieur.
C’est exactement la même logique qui se déroule dans l’entreprise de façon beaucoup plus insidieuse, lorsque vous n’avez pas d’informations concrètes concernant les changements…
Peur et bruits de couloir
Revenons donc à notre cher Patrick, il ne comprend pas ce qui se passe, il a peur pour son avenir. Jusqu’à présent il était serein, aimait son travail, mais à présent il doute de son avenir dans l’entreprise et son sentiment est amplifié par le collectif…
J’ai oublié de vous dire que l’être humain n’aime pas le changement, surtout s’il ne comprend pas l’utilité, la raison en clair le Sens !
Et tous les moyens sont bons pour chercher un sens à ce qui n’en a pas, de façon à se rassurer … C’est ainsi que, dans l’entreprise de Patrick, se sont organisées des réunions improvisées autour de la machine à café.
Avant, on parlait vacances, week-end, famille, sport et depuis quelques semaines on échange des questions autour de l’avenir de l’entreprise, des nouveaux, chacun y va de ses suppositions et fait des interprétations de la situation en fonction de son état d’esprit.
Ce genre de réunions met en branle un cerveau collectif extrêmement puissant, mais qui, dans ce contexte flou et incertain, va alimenter individuellement un sentiment d’insécurité et une perte de repère.
C’est ainsi que les peurs des uns se transmettent aux autres, et que naissent les rumeurs les plus folles… l’entreprise va licencier, le patron est malade, l’entreprise va être rachetée ou liquidée et le dernier arrivé est vu comme un ennemi (sympa pour l’intégration au passage !)
Ces situations engendrent des jeux de pouvoir ou chacun tente de sauver sa peau dans cette situation présupposée dangereuse.
L’unique sens devient celui de la survie !
Et pourtant il est loin le temps des cavernes mais face au danger, notre cerveau nous ramène à des comportements archaïques.
Le danger n’est pas l’ours, mais la peur de perdre son emploi, cela devient obsessionnel au point que le mode survie empêche les individus de se centrer sur leurs fonctions, et leurs travail, obnubilés par la nécessité de survivre.
Certains vont développer des attitudes agressives, d’autres passives et fatalistes, d’autres encore seront de moins en moins impliqués et font seulement acte de présence.
Ces comportements, à long terme, génère un stress chronique, fatiguant les organismes des uns et des autres, et peuvent contribuer à des problèmes de santé et par conséquent des arrêts maladies.
Selon l’article L4121-1 du code du travail, l’employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés ;
La plupart du temps, l’aspect sécurité et santé physique est assuré, équipement de sécurité, environnement contrôlé, en revanche, la santé mentale est largement mise de côté, principalement par son côté immatériel et humain.
Les entreprises sont en capacité de faire des tests, des révisions, sur un bâtiment, sur des machines … Sur des humains c’est une autre histoire….
Alors, vous me direz : il fait quoi Patrick, maintenant qu’il sait tout ça ?
En prenant conscience de ces failles, il a plusieurs possibilités en fonction de son environnement et de ses capacités, mais avant tout cela il doit faire une introspection.
Voici quelques questions à se poser :
1. Quel est mon niveau de stress? Sur une échelle de 1 à 10 (10 étant le maximum)
2.Quels sont les 5 solutions que je pourrais mettre en place pour faire diminuer ce niveau de stress ? Les réponses à cette question, doivent être en rapport avec la personne et non avec le contexte (on change soi même et pas notre environnement)
3.Qu’est ce qui me plait dans mon travail aujourd’hui ? Il s’agit là de redonner de la valeur à ce que l’on fait, voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Cet inventaire positif permet de retrouver du cœur à l’ouvrage.
4.Quelles sont les choses qui perturbent la qualité de mon travail aujourd’hui ?
5. Que puis je faire pour améliorer cette qualité ? Encore une fois trouvez 5 solutions pour commencer à résoudre ce problème.
6.Entreprendre un dialogue constructif Attention ! Il ne s’agit pas là d’aller trouver son patron, ou son responsable hiérarchique, pour lui dire que les conditions sont déplorables, que la gestion de l’entreprise est lamentable et que si vous étiez à sa place vous feriez mieux !
J’ai testé pour vous, je vous assure que ça ne fonctionne pas !
N’en profitez pas non plus pour vous croire investi de la mission de porte parole de l’ensemble du personnel ; même si les autres se plaignent, ils ne vous ont pas donné le pouvoir de parler à leur place.
Conclusion : parlez pour vous ! choisissez vos mots. Ce dialogue se prépare, vous devez exprimer avant tout votre ressenti mais sans partir dans une effusion d’émotions.
Dites par exemple :
- « Je n’ai pas compris la fonction de madame X, qui vient d’arriver pouvez vous m’en dire plus ? »
- « Je suis inquiet pour l’avenir de l’entreprise, j’aurais besoin d’en savoir plus pour pouvoir travailler plus sereinement. »
Si vous êtes en désaccord avec un collègue, ne laissez pas la situation se dégrader, demandez lui : serais-tu disponible pour que nous prenions le temps de revoir notre façon de travailler ensemble, questionnez le sur ses besoins, écoutez le, ne pensez pas, à l’avance, qu’il a tord, soyez bienveillant et ne jugez pas. Puis dans un second temps, exprimez vos besoins.
Une fois une liste établie de vos besoins communs, vous allez chercher ensemble des solutions et vous engager mutuellement à les respecter.
Attention : on ne change pas tout du jour au lendemain, on retombe très vite dans ses anciens schémas donc définissez ensemble des actions faciles à mettre en place, ne rajoutez pas de processus dans le processus.
Et si tout cela ne suffit pas, que le mal être perdure, il est peut-être temps d’envisager de partir mais avant cela une réflexion s’impose…
En effet, partir peut sur l’instant libérer du stress, mais par la suite, ce départ peut vite prendre une saveur d’échec surtout si un plan B n’est pas préalablement envisagé…
Pour éviter également la baisse de la confiance en soi, consécutive à ce sentiment d’échec, il est donc préférable de prendre le temps d’une vraie introspection, seul ou accompagné d’un professionnel. Ils’agit d’une une vraie rencontre de soi avec soi, un tour d’horizon de ses valeurs, de ses compétences, un travail sur ses croyances, bref un apprentissage de soi pour mieux gérer son stress et éviter de retomber dans les mêmes travers.
Grâce à cette réflexion autour du changement, vous pouvez envisager une vie plus sereine tant au niveau professionnel que personnel.
Les miracles arrivent aussi, et fort heureusement, face à la recrudescence des arrêts maladies, des burn out, certaines entreprises prennent le chemin vers des pratiques managériales plus humaines et plus orientées vers le bien-être des salariés.
Votre analyse me semble tout à fait correcte et les solutions proposées, pleines de bon sens, relativement faciles à mettre en oeuvre. Merci pour le travail… On pourrait mettre des Fleurs de Bach dans tout cela, cela ne ferait qu’aider: Cerato, Gorse, Walnut, Willow et White Chestnut entre autres… Cordialement; F. Quencez
Merci beaucoup Françoise, pensez à partager 🙂